Je suis à l’ombre , un moment délicieux sur la place de l’église de Fayence et je voudrais essayer d’évoquer l’ami Gerald. Il est parti sans bruit , très présent dans nos têtes et nos cœurs et mystérieux comme jamais. Sa compagne m’a envoyé un sms pour m’en informer , on lui en a renvoyé un pour lui dire notre profonde tristesse et sur son téléphone continuait de se faire  entendre sa voix. Celle de ce partenaire fidèle et efficace qu’il fut pour le Campagnol revenu dans sa banlieue sud , à Arcueil, après l’éprouvant passage de Corbeil Essonne. Le Théâtre des sources qu’il dirigeait était devenu grâce à lui et à son équipe un refuge qui nous permettait de retrouver notre public de Châtenay-Malabry  pour de nouvelles créations et de continuer à l’élargir.
Le directeur mais aussi l’acteur, le metteur en scène. Il accueillait les spectacles mais  plus que cela, il s’associait de très près à toutes  les aventures du CDN. À la plupart des  créations comme les moments mémorables de «  De la Poudre aux yeux «  où tous les registres se croisèrent pour rendre hommage au Théâtre .
Nous n’oublierons jamais le maître de cérémonie qu’il y fut, interpellant tous les grands personnages du théâtre de Talma à Sarah Bernard e Barrault  à Vilar jusqu’a à …Pauline  Carton .
«  Les enfants gâtés «  s’y répétèrent avant de tourner sous le chapiteau des Tréteaux de France de Jean Danet. … » Audiberti, à force de mots «  € La petite découverte » , « La discorde » de Myriam Tanant, Sege Kribus, Olivier Dutaillis qui traitait de l’éducation, prirent leur essor dans ses murs .

Je me souviens de l’ accueil de nombreux ateliers, de l’association à l’équipe d’animation de deux comédiens du Campagnol : Xavier Kuentz et  Patrick Hazam . Puis après le Campagnol, la création de Carola de. Jean Renoir où il campait un directeur de théâtre plein de contradictions dans la France occupée. La nouvelle équipe de Claire a Alexis et Didier l’entouraient.
Je partageais sa passion de cinéphile qui lui permettait d’initier un public nouveau à des parcours exigeants.
Geneviève se souvient de la création de «  Jouliks « qu’il mît en scène où elle jouait aux côtés de Louis Basile Samier et de Catherine Verlaguet, de son écoute, de sa patience , de sa curiosité des autres, de sa délicatesse, de son humour surtout .

Je l’avais eu tout récemment au téléphone, sa calme voix m’informait de son combat pour triompher de la maladie et des progrès qu’il accomplissait pour arriver à vaincre sa paralysie soudaine. J’espérais comme je lui avais promis le retrouver bientôt dans ce lieu qu’il avait rêvé et dont il m’avait décrit les beautés maritimes.
Il est allé rejoindre ses deux copains de chez Pierre Debauche a Nanterre où il avait débuté : Michel Toty et Louis- Basile Samier.
Nous ne l’oublierons pas et pensons à sa compagne et à ses proches.

 

Jean-Claude Penchenat